Voyager à l’ère de la technologie

15 décembre 2023
Man and woman.

Certains membres de Retraités fédéraux préfèrent les documents imprimés pour leurs voyages, mais beaucoup n’envisageraient pas de voyager sans l’aide de leurs téléphones, tablettes et ordinateurs portables, que ce soit pour la lecture, les documents électroniques ou les services du système de positionnement global (GPS).   
 

Jaro Franta met la dernière main aux préparatifs de son escapade hivernale annuelle. Cette année, il séjournera en Guadeloupe pendant quatre mois, explorant l’archipel à vélo. En plus de son vélo, il apporte son ordinateur portable doté d’un écran de 17 pouces et, en renfort, son téléphone cellulaire, qui lui est toutefois nécessaire pour la vérification en deux étapes lorsqu’il accède à des sites Web sécurisés.    

Les appareils électroniques sont devenus plus que pratiques dans les voyages, en particulier dans le monde post-COVID. Pour certains, ils sont indispensables.

Quand on demande à cet ancien employé de 65 ans de ce qui s’appelait à l’époque la Commission d’énergie atomique du Canada s’il est prêt à voyager sans son ordinateur portable et son téléphone cellulaire, il répond : « Je suppose que tout est possible, mais je ne le ferais certainement pas. »

Les guides, les cartes et même les billets d’avion ne sont plus aussi courants qu’avant. Ils sont remplacés par un nombre infini de substituts intangibles, tous accessibles au moyen d’un téléphone cellulaire. Les voyages sont entrés dans l’ère numérique.

M. Franta, qui a adhéré à l’Association en 2018, utilise souvent son ordinateur et navigue avec aisance dans le monde virtuel, pour l’aider à voyager dans le monde réel.

Mais ce n’est pas le cas de tout un chacun. Un message publié en septembre sur la page Facebook de l’Association nationale des retraités fédéraux à ce sujet a suscité diverses réactions, allant de la frustration accompagnée d’un émoji « j’abandonne » à diverses suggestions sur la manière de mettre à profit les plus récentes technologies pour voyager.

L’adaptation s’impose, écrit l’un des répondants. Vous réservez le service de covoiturage Uber par téléphone, les trains aussi, souligne-t-il. Sur place, les appareils sont pratiques pour déterminer les meilleurs endroits pour convertir des devises, savoir où on se trouve ou où on se rend grâce au GPS (système de positionnement global) du téléphone ou pour prendre des photos et les publier sur les médias sociaux. Vous pourriez même passer un coup de fil!

Utilisez un ancien téléphone portable et équipez-le d’une nouvelle carte SIM (de l’anglais subscriber identity module ou « module d’identité d’abonné ») sur place dans le pays où vous vous rendez. Elle vous procurera un forfait qui coûtera probablement beaucoup moins cher que les frais d’itinérance facturés par votre fournisseur de services canadien, suggère un auteur.

D’autres se sont prononcés en faveur de l’approche traditionnelle, le papier. « Nous pouvons les sortir plus rapidement que la plupart des gens ne mettent à fouiller sur leur téléphone », fait valoir un commentateur. C’est plus pratique que de faire défiler, parfois sans succès, l’écran d’un téléphone à la recherche des documents nécessaires, ajoute un autre.

Sam Hunt, directrice des produits numériques pour le voyagiste Collette, a constaté une adoption rapide de la technologie pendant et après la pandémie de COVID-19.

« Les codes QR sont devenus très populaires dans les restaurants », ce qui permet aux gens d’accéder aux menus en ligne à partir de leur téléphone sans toucher un document physique qui a probablement déjà été manipulé par plusieurs autres personnes, souligne-t-elle. « Même s’ils ont toujours un billet (à l’aéroport), beaucoup de gens ont décidé d’utiliser leur téléphone cellulaire pour numériser le billet au lieu d’avoir un document imprimé. Alors que les deux possibilités existent toujours, beaucoup de gens abandonnent le billet imprimé au profit de l’élément technologique. »

Il n’est pas étonnant que les téléphones cellulaires soient devenus si courants chez les voyageurs, ajoute-t-elle, vu ce qu'ils permettent de faire. Leurs GPS fournissent des itinéraires et des cartes. Et, en cas d’urgence, il est facile d’appeler à l’aide. Il existe même des applications de traduction à commande vocale.

« On assiste donc à une accélération du passage à la technologie », dit-elle.

Pourtant, Mme Hunt estime qu’il est encore possible de voyager sans technologie pour ceux qui préfèrent s’en tenir au papier.

Elizabeth Chorney-Booth, rédactrice indépendante de Calgary spécialisée dans l’alimentation et les voyages, partage cet avis.

« Je pense qu’il est encore possible de voyager de la même manière en suivant ses propres notes manuscrites avec des billets et des documents imprimés », précise-t-elle. « Normalement, si vous le demandez… la plupart des endroits sont capables de s’adapter au besoin. »

Même si elle n’hésite pas à utiliser son téléphone cellulaire en voyage, Mme Chorney-Booth imprime toujours sa carte d’embarquement et sa confirmation d’hôtel, au cas où la batterie de son téléphone tomberait en panne à un moment inopportun. Mais elle reconnaît qu’il arrive qu’un téléphone soit indispensable. Certains musées et attractions, par exemple, n’ont plus de guichet et demandent aux visiteurs d’acheter leurs billets en ligne.

La dépendance de la société à l’égard de la technologie numérique a été clairement illustrée en juin 2022, lorsque le fournisseur national de services cellulaires, Rogers, a connu une perturbation massive qui a entraîné l’interruption des services de mobilité et d’Internet dans la majeure partie du Canada. Certains services d’urgence n’ont pas pu recevoir d’appels et de nombreuses entreprises ont été incapables de traiter les paiements par carte de débit. Certains aspects de la société s’en sont trouvés absolument paralysés.

Pourtant, au Canada, ces fournisseurs pratiquent des tarifs parmi les plus élevés au monde, y compris pour les frais d’itinérance. En planifiant, on peut donc économiser beaucoup d’argent, explique Reed Sutton, cofondateur, avec Josh Bandura, du blogue de voyage Frugal Flyer, à Edmonton.

« Pensez à des moyens de réduire votre utilisation des données, par exemple en téléchargeant des documents pour une utilisation hors ligne à partir de vos applications les plus courantes », comme Google Maps, suggère-t-il. Skype, What’s App et Facebook Messenger sont des applications pratiques qui peuvent être utilisées gratuitement là où le Wi-Fi est disponible.

Mais pour ceux qui pensent utiliser activement leur téléphone pour     
accéder à Internet lorsqu’ils sont en déplacement, une solution populaire consiste à se procurer une carte SIM locale dans le pays de destination. Bien que généralement moins chère, cette solution peut s’avérer inutilement compliquée, ajoute M. Sutton, qui suggère aux voyageurs d’opter pour une eSIM, qui est une carte SIM numérique qui fournit une quantité déterminée de données cellulaires bon marché pour une période prédéterminée.

Google Fi est un fournisseur de services établi aux États-Unis qui permet d’obtenir une couverture internationale simple d’emploi, à un prix abordable et qui offre un accès transparent aux données, aux messages textes et aux appels dans de nombreux pays. Toutefois, les eSIM ne fonctionnent qu’avec les téléphones de dernière génération

Après avoir exploré toutes les options possibles, Roxanne Primorac a finalement opté pour la simplicité. « Lorsque nous étions en Californie, nous avons reçu un message nous demandant de tout changer dans le forfait [que nous avions choisi], cela a été un véritable cauchemar », se souvient cette membre de Retraités fédéraux, qui réside à London en Ontario.

Après avoir « magasiné » et décidé de choisir un service sur lequel elle pourrait compter sans avoir à en surveiller continuellement l’utilisation, elle a éliminé les options de paiement en fonction de l’usage. Elle a retenu un service canadien qui lui donne une utilisation illimitée de son téléphone et 100 gigaoctets de données par mois. Bien que ce chiffre dépasse de loin ses besoins en données pour une année entière, elle a constaté que le coût de 85 $ par mois en valait bien la peine, pour la tranquillité d’esprit qu’il lui procurait.

« Nous l’utilisons tout le temps… alors quand nous allons aux États-Unis, il n’est pas nécessaire de faire quelque chose de spécial », explique-t-elle. « Il nous suffit d’utiliser le téléphone, comme nous le faisons chez nous. »

M. Sutton suggère à ceux qui apportent un téléphone cellulaire de faire des copies numériques des pièces d’identité importantes comme le passeport, ainsi que des itinéraires, des billets et des documents d’assurance, en cas de perte des originaux. On peut simplement prendre des photos de chaque document.

Les applications mobiles comme Google Wallet et Apple Pay permettent aussi de conserver les cartes de crédit.

Quant à ceux qui préfèrent que tous les aspects de leur voyage restent réels, Mme Hunt souligne qu’il y a de l’espoir. Le mouvement en faveur de la déconnexion, du débranchement et de la distanciation d’avec la technologie a pris de l’ampleur. Et, si le but du voyage est de se détendre, par exemple faire de la plage sans aller dans une ville différente tous les jours, ne pas s’encombrer d’un téléphone cellulaire pourrait rendre les expériences plus précieuses, ajoute M. Sutton.  
 

Pour les adeptes de la lecture

Pour les lecteurs qui acceptent de lire sur une tablette ou une liseuse numérique, notre monde de plus en plus numérisé s’est traduit par des avantages. Auparavant, il fallait décider des livres à emporter et à laisser, mais les liseuses numériques permettent d’acheter et de télécharger d’innombrables livres qu’on peut lire quand on le souhaite.

Pour ceux qui ont une excellente vue, les téléphones intelligents et, en particulier, les tablettes, permettent également aux lecteurs de lire les livres de leur bibliothèque locale à l’aide d’une application affiliée comme Libby. Les livres sont prêtés aux détenteurs de cartes de bibliothèque pour une période de 21 jours, après quoi ils doivent les rendre, à moins que personne n’attende cet exemplaire, auquel cas ils peuvent le renouveler pour une nouvelle période de 21 jours.
 

Limitations visant les voyageurs canadiens

Les Canadiens qui se rendent en Égypte et en Inde devraient être au courant des changements récents apportés aux règles. Depuis le 1er octobre 2023, les titulaires d’un passeport canadien ne peuvent plus obtenir de visa en ligne avant de s’y rendre ou à leur arrivée. Les visas doivent être obtenus auprès d’une ambassade ou d’un consulat égyptien à l’étranger. Un avis du gouvernement canadien indique que les personnes se rendant en Égypte avec un visa électronique à partir du 1er octobre 2023 se verront refuser l’embarquement à destination de l’Égypte ou l’entrée dans ce pays. On conseille aux Canadiens qui prévoient de se rendre en Égypte de communiquer avec l’ambassade ou le consulat égyptien le plus proche avant de quitter le Canada. Pour en savoir plus, visitez https://voyage.gc.ca/destinations/ egypte#entreesortie/.

Entre-temps, l’Inde a suspendu l’octroi de visas aux Canadiens en septembre. Le processus a toujours été difficile, mais il est devenu temporairement indisponible en raison d’un désaccord entre les deux pays après que le premier ministre Justin Trudeau a déclaré que l’Inde pourrait avoir été impliquée dans l’assassinat de Hardeep Singh Nijjar, un militant pro-Khalistan. En octobre, l’Inde a toutefois rétabli les services de visa pour les Canadiens d’origine indienne, mais pas pour les touristes. Le ministère des Affaires étrangères déclare qu’il « examinera la situation régulièrement ».

Linda Garcia.    

Linda Garcia, a professor at the University of Ottawa, is conducting an accessible travel study involving older adults with functional limitations.    
 

Étude sur les voyages et l’accessibilité

Linda Garcia et Michael Mulvey, tous deux professeurs à l’Université d’Ottawa, estiment que les progrès technologiques pourraient aider les aînés ayant des limitations fonctionnelles à voyager plus facilement en avion. À leur avis, la clé consiste à améliorer la communication entre les utilisateurs et les fournisseurs de services.

Ils ont constitué une équipe intersectorielle chargée de comprendre l’accessibilité « selon l’optique du vieillissement et du handicap ». Les membres comprennent des chercheurs, des aéroports, des compagnies aériennes, des organismes de sécurité et de réglementation, des aînés et des groupes de défense d’intérêts.

« Les solutions technologiques peuvent s’avérer utiles pour améliorer la sensibilisation, la divulgation, la conception, les processus et la formation à mesure qu’on acquiert des connaissances sur l’impact des capacités sensorielles, mobiles et cognitives sur les voyages aériens », explique Mme Garcia.    
L’équipe de recherche souhaite inclure des retraités dans son étude et encourage toute personne intéressée à à envoyer un courriel à mulvey@uottawa.ca.

 

Cet article a été publié dans le numéro du l'automne 2023 de notre magazine interne, Sage. Maintenant que vous êtes ici, pourquoi ne pas télécharger le numéro complet et jeter un coup d’œil à nos anciens numéros aussi?