La déprescription réduit les risques et les coûts des médicaments prescrits

29 avril 2020
déprescription.

L’assurance-médicaments est un sujet brûlant d’actualité, mais on parle beaucoup moins d’un des aspects des médicaments prescrits qui suscite de plus en plus d’attention de la part des professionnels de la santé et des patients : la déprescription.
 

Qu’est-ce que la déprescription?

Le Réseau canadien pour la déprescription la définit comme «le processus planifié et supervisé de cesser un médicament ou d’en réduire la dose lorsqu’il n’a plus d’effet bénéfique ou qu’il peut être nuisible». L’objectif de la déprescription est de réduire le fardeau et les méfaits qui peuvent résulter de la prise de plusieurs médicaments, tout en maintenant ou en améliorant la qualité de vie du patient.

Partie intégrante de l’utilisation appropriée des médicaments, la déprescription représente un élément essentiel d’une bonne prescription. Selon le Réseau canadien pour la déprescription, une utilisation appropriée des médicaments signifie que les patients reçoivent la bonne dose des bons médicaments par le meilleur système de libération des médicaments, au bon moment et pour la bonne durée. C’est pourquoi il faut tenir compte de la déprescription lors de la prescription initiale d’un médicament, ainsi que pendant toute la période où une personne doit prendre le médicament. De plus, cela doit toujours se faire en consultation avec un professionnel de la santé.
 

Pourquoi la déprescription importe-t-elle?

Dans son rapport intitulé Utilisation des médicaments chez les personnes âgées au Canada (2016), l’Institut canadien d’information sur la santé (ICIS) a constaté que près des deux tiers des aînés prennent cinq médicaments prescrits ou plus, et que plus d’un quart des personnes âgées prennent dix médicaments prescrits ou plus. Si ces médicaments procurent de nombreux bienfaits aux personnes souffrant de maladies chroniques, les effets secondaires et les interactions médicamenteuses qui peuvent résulter de la prise de plusieurs médicaments présentent un risque. La prise de cinq médicaments différents ou plus, également appelée polypharmacie, augmente le risque de réactions indésirables aux médicaments, de troubles cognitifs, de problèmes de mémoire, de troubles de l’équilibre, de chutes et d’hospitalisation. La déprescription peut jouer un rôle important en contribuant à réduire les risques liés à la prise de plusieurs médicaments, en améliorant l’état de santé général et en allégeant le fardeau de notre système de santé.

En vieillissant ou en devenant plus malade, l’utilisation de certains médicaments peut devenir moins bénéfique, voire nocive. Le fait que les aînés et les personnes souffrant de maladies chroniques ne sont souvent pas inclus dans les tests de dépistage de médicaments complique encore la situation, parce que cela limite les données disponibles sur la manière dont les médicaments prescrits agissent sur les aînés et sur leurs interactions avec les autres médicaments prescrits. Cela signifie que l’optimisation de l’utilisation des médicaments devient un élément essentiel de la gestion des maladies chroniques.

La déprescription de médicaments fait aussi ressortir le fait qu’il pourrait exister des solutions non médicamenteuses, et fondées sur des preuves, pour traiter certains symptômes ou certaines affections. L’intégration de la déprescription dans le processus de prescription peut encourager les prestataires de soins de santé, les patients et leurs aidants naturels à discuter de solutions non médicamenteuses qui peuvent contribuer à soulager ou à traiter une affection. À mesure que la sensibilisation à la déprescription gagne du terrain, elle peut contribuer à faire évoluer l’opinion selon laquelle la prescription de médicaments devrait être l’approche de traitement par défaut et à créer une volonté d’essayer des solutions non médicamenteuses et fondées sur des données probantes, lorsqu’elles sont disponibles.
 

Mesures que vous pouvez prendre

Ce qui précède souligne l’importance de discuter avec vos prestataires de soins de santé au sujet de la déprescription lors de l’évaluation des médicaments que vous prenez, pour vous assurer qu’ils conviennent à tout changement dans votre état de santé, votre corps ou votre situation de vie. Dans cette optique, vous trouverez quelques conseils pour en savoir plus sur la déprescription et appliquer ses principes aux soins de santé que vous recevez.
 

Informez-vous

Plusieurs organisations et initiatives canadiennes se consacrent à faire de la sensibilisation à la déprescription et à l’utilisation appropriée des médicaments. Beaucoup ont élaboré des ressources pour éduquer les patients et leurs aidants naturels sur ces concepts, ainsi que des outils pour vous aider à évaluer si vos médicaments vous conviennent toujours. Beaucoup ont également des ressources pour les professionnels de la santé que vous pouvez leur remettre, afin d’entamer la conversation sur la déprescription. Pour consulter notre site Web sur les organismes et les ressources en matière de déprescription de médicaments, visitez notre site Web, à retraitesfederaux.ca/sage-deprescription.

Il importe également de vous informer sur les médicaments que vous prenez et sur les raisons pour lesquelles vous les prenez. Vous devez savoir ce que traite chaque médicament que vous prenez, ses effets secondaires, sa posologie, la façon dont il doit être pris et la durée du traitement. Cela s’applique à tous les médicaments que vous prenez, et pas seulement aux médicaments prescrits.on of Federal Retirees.
 

Prenez un rendez-vous pour revoir vos médicaments ou ceux d’un aîné de votre entourage

Comme il faut souvent en faire beaucoup lors des rendez-vous réguliers avec vos prestataires de soins de santé, prendre un rendez-vous dans le but exprès d’examiner vos médicaments est le meilleur moyen de vous assurer que vous pouvez avoir une discussion sérieuse sur la déprescription et pour déterminer si les médicaments que vous prenez demeurent appropriés pour vous. Vous devez vous préparer à ce rendez-vous en rassemblant toutes les informations ou ressources dont vous voulez parler avec votre prestataire de soins et écrire les questions que vous souhaitez poser au sujet de vos prescriptions. SaferMedsNL et Choosing Wisely Newfoundland and Labrador, deux organismes de Terre-Neuve-et-Labrador œuvrant à la promotion de l’utilisation appropriée des médicaments, suggèrent de poser les questions suivantes à votre prestataire de soins de santé :

  1. Ai-je vraiment besoin de ce médicament?
  2. Comment pouvons-nous travailler ensemble à réduire ma dose?
  3. Existe-t-il une solution plus simple et plus sûre?
  4. Quels symptômes dois-je surveiller lorsque j’arrête de prendre mes médicaments?
  5. Avec qui dois-je assurer le suivi et à quel moment?

N’oubliez pas que l’adéquation des médicaments peut changer avec le temps en raison de l’évolution de votre état de santé, de votre corps ou de votre situation de vie. Vous devriez prendre des rendez-vous périodiques pour revoir vos médicaments avec vos prestataires de soins de santé.
 

Contribuez à faire passer le mot sur la déprescription

Maintenant que vous connaissez le concept, vous pouvez contribuer à faire de la sensibilisation à la déprescription. Vous pouvez partager ce que vous avez appris et les ressources que vous avez trouvées avec d’autres aînés de votre entourage, ainsi qu’avec les organisations et les groupes communautaires dont vous faites partie.

En fait, certaines de nos membres le font déjà au sein de leur collectivité. Dorma Grant, qui est agente des programmes de défense des intérêts de Retraités fédéraux au NouveauBrunswick, a assisté à plusieurs conférences sur ce sujet. Elle utilise les renseignements obtenus lors de ces conférences pour sensibiliser à la déprescription et partager des ressources à ce sujet avec les sections du Nouveau-Brunswick, en les encourageant à organiser des événements pour informer les membres sur la déprescription. Shirley Pierce, également agente des programmes de défense des intérêts de Retraités fédéraux sur l’Île-du-Prince-Édouard, a aussi participé à divers forums sur la déprescription. Elle utilise les renseignements obtenus à ce sujet pour sensibiliser les organismes auxquels elle appartient à la déprescription, notamment en organisant des séances d’information et des conférences, en rédigeant des articles et en défendant l’importance de la déprescription auprès d’organismes communautaires et provinciaux, dont le Secrétariat aux personnes âgées de l’Île-du-Prince-Édouard.

Déni de responsabilité : Cet article fournit des informations générales sur la santé et des sujets connexes. Les renseignements et les ressources mentionnés dans cet article ne constituent pas des conseils médicaux. En plus de ne pas devoir être interprétés comme des conseils médicaux, ils ne remplacent pas une expertise ou un traitement médical professionnel. Avant de changer les médicaments que vous prenez ou la manière dont vous les prenez, consultez votre prestataire de soins de santé.

 

Cet article a été publié dans le numéro du printemps 2020 du magazine Sage, dans notre rubrique « Bilan santé », qui porte sur des questions de santé et des politiques de santé d’actualité, sous l’optique des enjeux qui touchent les aînés canadiens. Maintenant que vous êtes ici, pourquoi ne pas télécharger le numéro complet et jeter un coup d’œil à nos anciens numéros aussi?