Les trésors de l’un

19 mai 2022
 Réduisiez.
 Vos enfants aiment l'idée que vous réduisiez la taille de votre logement et ayez moins d’entretien à faire, mais ils redoutent que vous espériez leur donner tous vos meubles et effets.
 

Parler de la réduction de votre logement est à la fois bienvenu et terrifiant pour vos enfants adultes. Tout en se réjouissant à l’idée que vous habitiez dans un logement plus facile à gérer et possiblement sans tonte de gazon ni déneigement, ils craignent que vos efforts pour réduire la taille de votre logement les obligent à augmenter la taille du leur, pour abriter tous les trésors de famille que vous tenterez de leur refiler.

Vous avez toujours pensé qu’ils récupéreront les trésors de famille, la porcelaine, l’argenterie, le mobilier antique de salle à manger, mais cette autre génération a des priorités différentes, dont souvent le minimalisme. Et, même s’ils aiment sincèrement ces objets, ils n’ont probablement pas d’espace où les mettre. C’est la situation à laquelle ils se heurtent.

« Nous savions que nous passerions à plus petit après le départ des enfants », mentionne Connie Kehler, une membre du conseil d’administration de Retraités fédéraux et directrice adjointe aux ressources humaines retraitée de l’Agence du revenu du Canada pour les Praires, qui vit à Winnipeg.

Lorsque son mari et elle ont déménagé d’une maison de cinq chambres à coucher, où vivait leur famille recomposée de quatre filles, à une copropriété de deux chambres, elle a découvert que ses filles ne voulaient pas de la plupart des articles dont il lui fallait se débarrasser. Leurs maisons étaient en grande partie déjà bien équipées.

Après avoir donné tout ce qu’ils pouvaient à leurs filles, notamment le sofa sectionnel et la table à manger impossibles à placer dans leur nouvelle copropriété, il restait encore beaucoup à purger. Mme Kelher a donc organisé une grande vente-débarras pour se départir des objets de valeur et a fait don de ce qu’elle n’a pas vendu, auprès du Buy Nothing Project sur Facebook, qui rassemble des voisins souhaitant trouver un bon foyer pour les articles devenus inutiles. Le site Web offre de tout, d’un surplus d’herbes fraîches à des antiquités reçues en héritage.

Greg Gozda and Connie Kehler.

Membres de Retraités fédéraux, Connie Kehler et Greg Gozda ont allégé leur nid, pour réduire les coûts et leur permettre de passer de longues périodes dans le sud durant l'hiver.
 

Sage a parlé avec trois expertes qui ont d’autres conseils pour prévenir les chagrins au moment de se départir de biens à valeur sentimentale.

« Il est très difficile pour les membres d’une famille de refuser des objets provenant de la matriarche », mentionne Cindy Beaudet, propriétaire de l’entreprise Destinations Seniors Downsizing, à Calgary. « Je le vois tous les jours. Bon nombre de [mes clients] ont vécu la Grande Dépression, ont payé le prix fort pour leurs biens et pensent qu’elles ont de la valeur, mais le marché est difficile. »

Mme Beaudet fera de son mieux pour vendre ces articles dont la famille ne veut pas. Mais cela n’en vaut souvent pas la peine. Elle les offrira plutôt gratuitement, sur des sites Web comme Kijiji, ou elle en fera don à des refuges pour femmes ou dans divers magasins d’occasion à vocation caritative.

Lorsqu’elle fait affaire avec des clients qui ont de la difficulté à lâcher prise, Mme,/sup> Beaudet adopte une approche douce mais ferme, qualifiée de « franchise brusque et courtoise » Il est souvent plus facile pour eux de l’entendre de la bouche d’une professionnelle que de celles des membres de leur famille. Quand les clients s’opposent à faire don de leurs biens, elle leur demande toujours s’ils préfèrent procéder ainsi ou payer plutôt quelqu’un pour s’en débarrasser, ce qui représente une autre option si le coût n’a aucune incidence.

« Je leur explique que le seul investissement réside dans les oeuvres d’art “de renommée”, l’or et l’argent, » souligne Mme Beaudet, en ajoutant qu’elle fera fondre l’or et l’argent.

Linda Chu, gestionnaire des déménagements chez Out of Chaos à Vancouver, évoque des systèmes de valeurs opposés.

« Il y a la valeur marchande, la valeur sentimentale et la valeur au détail », précise Mme Chu. « L’argent déboursé pour son mobilier de salle à manger, par exemple, ce n’est pas important, parce que sa valeur de revente actuelle est de zéro. C’est impossible à vendre. Plus personne ne veut des tables autour desquelles 12 personnes peuvent manger. »

Danielle Jasmin, de chez Jasmin Transition, à Montréal, raconte qu’elle commence par demander à ses clients quels objets ils désirent absolument apporter lors de leur déménagement.

« Je leur dis “Si vous pouvez apporter seulement dix meubles, lesquels apporteriez-vous?” », indique Mme Jasmin. « Vous commencez par la chambre. Il vous faut un lit et une table de chevet. Puis, vous travaillez à partir de cela. C’est choisir ce que l’on apporte qui est le plus important. »

Les trois expertes ont toutes affirmé que le temps est votre allié lorsque vous désirez vous départir de vos biens en les vendant à quelqu’un qui en appréciera la valeur ou en leur trouvant un bon foyer, comme un organisme de bienfaisance qui les vendra et qui fera un excellent travail dans la collectivité avec les recettes. De plus, ces organismes offriront souvent un reçu à des fins fiscales pour la valeur des biens.

Les services de vente aux enchères et en consignation sont d’autres options mais, encore une fois, ils retiennent uniquement ce qui leur convient, prendront 30 % des recettes et vous aurez encore beaucoup d’articles sur les bras.

 

Cet article a été publié dans le numéro du printemps 2022 de notre magazine interne, Sage. Maintenant que vous êtes ici, pourquoi ne pas télécharger le numéro complet et jeter un coup d’œil à nos anciens numéros aussi?