Fleurs et plantes bien de chez nous

24 mars 2021
Donna Balzer.
Donna Balzer, une spécialiste du jardinage, gardait l'oeil bien ouvert sur les plantes autochtones, lorsque des touristes qu'elle accompagnait ont découvert la sétaire verte et ont eu un coup de coeur pour cette humble plante du Canada. Photo : donnabalzer.com
 

Le printemps s’en vient. Il peut sembler difficile d’y croire au plus profond de l’hiver, en particulier pour ceux qui n’ont pas pu s’échapper vers des climats plus cléments cette année. Mais il finira bien par arriver. Et c’est dans cet esprit que nos pensées gravitent autour du jardinage.

Pour chaque province et territoire, nous présentons au moins une plante, une fleur, un arbuste ou un arbre qui poussera bien, ne nécessitera pas beaucoup d’entretien. Dans de nombreux cas, il s’agit d’une plante originaire de la province ou du territoire en question. Après tout, nous avons tendance à négliger les plantes indigènes. Donna Balzer, une spécialiste du jardinage, se souvient d’avoir voyagé en Alberta avec des jardiniers étrangers passionnés. À un moment donné, le long de l’autoroute, ils sont passés à côté d’une étendue de sétaire verte, une graminée que les Canadiens voient tout le temps sans vraiment l’apprécier. Les touristes étaient bouche bée. « Ils m’ont dit n’avoir jamais vu une si jolie plante », se souvient Mme Balzer. « Il arrive qu’on considère une plante indigène comme une mauvaise herbe si elle est trop répandue. Mais la sétaire verte est une herbe décorative très attrayante. »
 

Yukon

L’agronome territorial Randy Lamb qualifie son jardin familial de « jungle entremêlant des plantes indigènes et domestiquées, y compris des sources de nectar pour mes abeilles ».

Pour le territoire le plus à l’ouest, il suggère l’amélanchier. Malgré ce que laisse entendre son nom anglais (Saskatoon), l’arbre est en fait originaire du Yukon.


« Même au Yukon, peu de gens réalisent que l’amélanchier est une plante indigène », dit-il. « Il forme une haie avec des fleurs abondantes au printemps et produit de petits fruits à récolter pour les confitures, les poudings et les tartes ». Le fruit regorge de fibres, de nutriments et d’antioxydants.


Sa forme de buisson en fait une belle structure à l’arrière d’une plate-bande ou un coupe-vent pour un potager. Et si vous ne récoltez pas les fruits vous-même, vous nourrirez les oiseaux du coin, une activité louable en soi.
 

Territoires du Nord-Ouest

Marie York-Condon, jardinière amateur à Yellowknife, affirme qu’il est difficile de faire pousser des plantes vivaces dans cette capitale territoriale, mais elle a quelques recommandations pour les plantes qui repoussent tous les ans depuis son arrivée dans les années 1970.

« Notre haie avant se compose d’églantiers sauvages de l’Alberta », mentionne Mme York- Condon. « Ils étaient ici à notre arrivée, et ils continuent à bien pousser. »

Ces arbustes à feuilles caduques, qui produisent la fleur-emblème de l’Alberta, peuvent atteindre entre un et trois mètres de hauteur. Les autochtones font du thé et de la salade avec les feuilles, peut-être pour bénéficier des niveaux élevés de vitamines A et C de la plante.

Nunavut

Purple Saxrifage.

La saxifrage violette, ou Saxifraga oppositifolia, est la fleur territoriale du Nunavut.
 

À Iqaluit, la jardinière Joanne Rose recommande la fleur territoriale, la saxifrage à feuilles opposées. Avec sa modeste fleur d’un magenta intense, elle est parfaite comme couvre-sol dans les jardins. Le défi consiste à trouver les graines. Mme Rose les ramasse à l’automne, les garde dans des enveloppes pendant l’hiver et les plante au printemps.

Elle suggère également l’oseille arctique, qui a des feuilles comestibles et pousse aisément sur le territoire, ainsi que le pavot arctique, dont les fleurs jaune beurre parsèment la toundra du Nunavut.

Mme Rose sème ces plantes vivaces « dès que je peux faire une ligne dans le sol », dit-elle, ajoutant qu’au Nunavut, cela signifie mi-juin ou fin juin.

En compagnie de son mari Bert, Mme Rose, une retraitée fédérale qui a travaillé pour Pêches et Océans Canada, habite Iqaluit depuis 1981. M. Rose, ancien doyen du Collège de l’Arctique du Nunavut, dit être connu comme étant l’homme qui a introduit des pissenlits de la Saskatchewan sur le territoire et admet que ses voisins ont plus ou moins apprécié.
 

Colombie-Britannique

Oregan grape.

Le mahonia faux houx, ou Mahonia aquifolium, est un magnifique couvre-sol à feuilles persistantes qui produit des baies bleu très foncé.
 

Donna Balzer, qui passe une partie de son temps en Colombie-Britannique, a une plante préférée dans cette province : le mahonia faux houx.

« Ce couvre-sol ressemble au houx », précise-t-elle.

Il a l’avantage de commencer à fleurir en février, ce qui est possible grâce au temps doux de cette province, et présente un véritable arc-en-ciel de couleurs — du vert de ses feuilles persistantes en hiver au rouge qu’elles arborent à l’automne, en passant par ses fleurs jaunes au printemps et ses baies violettes mûres pour la récolte. De plus, les colibris ne peuvent lui résister, ce qui permet aux jardiniers de la Colombie- Britannique d’observer constamment ces petits oiseaux.

Alberta

Harebell.

La campanule à feuilles rondes, ou Campanula rotundifolia, produit de belles fleurs en forme de clochettes d’un bleu-violet, à la fin de l’été et à l’automne.
 

Pour l’Alberta, Donna Balzer recommande le tremble, en partie parce que des bosquets de cet arbre ceinturent la ville de Calgary, où elle a longtemps vécu. Il est également facile à planter et pousse bien.

« Il suffit d’un simple semis », dit Mme Balzer. « Les gens ne veulent plus de pelouses et ces arbres sont très utiles à cet effet. Ils ne deviennent pas trop grands — peut-être 16 à 19 pieds de hauteur — et restent donc bien à l’échelle des propriétés. »

Elle suggère d’en acheter des petits arbres, parce qu’ils sont plus faciles à planter et qu’ils doubleront de taille la première année.

« Lorsque vous plantez le petit arbre, faites un effort pour amender votre sol dans toute la zone de croissance », ajoute-t-elle. « Répandez du paillis en vrac dans la zone, cela améliorera progressivement le sol autour. »

Si vous préférez des fleurs à un petit arbre, Mme Balzer recommande la délicate campanule, qui pousse à l’état sauvage dans la province.
 

Saskatchewan

Pour la Saskatchewan, William Hrycan recommande la gaillarde.

« Facile à entretenir et de belle apparence, la plante a une longue saison de floraison et constitue une excellente source de nourriture pour les abeilles, les papillons et autres insectes indigènes », explique M. Hrycan, architecte paysagiste et rédacteur spécialiste de l’horticulture du magazine trimestriel The Gardener for the Prairies.

Originaire des prairies et des tremblaies de la Saskatchewan, la gaillarde tolère la sécheresse et résiste aux insectes et aux maladies.


« Elle est des plus heureuses lorsqu’on ne la chouchoute pas », dit-il. « Le seul véritable entretien nécessaire est de tailler les plantes au printemps, une fois que la neige a fondu et avant que la croissance printanière ne reprenne. On peut étêter les fleurs pour prolonger la saison de floraison, mais ce n’est pas nécessaire ».



Manitoba

Lisa Renner, une jardinière chevronnée du Manitoba, recommande la verveine bleue, une plante indigène qui atteint environ deux pieds de haut, a des tiges carrées et des feuilles à deux tons. Même si la verveine bleue pousse à l’état sauvage en bordure des autoroutes de la province, Mme Renner en cultive dans son jardin, près de quelques tournesols.

Également connue sous le nom d’hysope sauvage, la verveine bleue est une herbe médicinale traditionnelle. Ses feuilles, ses fleurs et ses racines ont la réputation de traiter diverses maladies, selon le site Web Gardening Know How, qui indique également qu’elle résiste aux parasites et aux maladies et nécessite peu d’entretien.
 

Ontario

Pour la plus grande province du Canada, le choix évident est le trille blanc, la fleur-emblème de l’Ontario.

Mark Cullen, auteur et expert en jardinage, souligne qu’il est important que les Ontariens ne récoltent pas de plants dans la nature pour les transplanter chez eux. Selon lui, tout centre de jardinage offrant un service complet aura des semis ou des petites plantes.

« Il est facile à cultiver si vous avez de l’ombre », dit M. Cullen. « C’est une plante des bois; vous ne pouvez pas la placer sous un soleil de plomb. »

Les trilles blancs ont tendance à fleurir pendant les deux premières semaines de mai et durent jusqu’à 10 jours par temps doux. Dans un sol bien composté, ce sont des vivaces fiables. Il suggère de les planter sous un arbre afin qu’ils aient l’ombre nécessaire.
 

Québec

Auteur de nombreux livres de jardinage en anglais et en français, Larry Hodgson a d’abord pensé à l’iris versicolore du Québec, une « plante vivace résistante et facile à cultiver ». Toutefois (et nous vendons la mèche), puisque l’iris est déjà retenu pour Terre-Neuve, il a également d’autres suggestions, dont l’asclépiade incarnat, la fougère à l’autruche, le gingembre sauvage et la tiarelle cordifoliée.

« Toutes sont faciles à cultiver, attrayantes et adaptées à un large éventail de conditions, même haut dans le Nord », dit M. Hodgson.

New Brunswick

Sunchoke.

L’artichaut de Jérusalem, ou Helianthus tuberosus, est un légume-racine populaire dont la fleur ressemble à un tournesol. On l’appelle communément topinambour.
 

L’artichaut de Jérusalem pourrait bien être le légume racine au nom le plus curieux dans le monde. Ressemblant plutôt au gingembre, il n’a rien à voir avec l’artichaut, ni Jérusalem, d’ailleurs. Mais d’un goût délicieux, il est difficile à tuer et sa jolie fleur jaune rappelle une marguerite géante. Pouvant atteindre une hauteur de six pieds, il ne se soucie guère de la qualité du sol.

Samuel de Champlain a découvert ce légume racine, également appelé topinambour, truffe du Canada et soleil vivace, lorsqu’il explorait les Maritimes.

Selon Glen Auton, fervent adepte de la culture des aliments pour sa consommation, on obtient le meilleur des deux mondes en cultivant des artichauts de Jérusalem pour les manger, car on peut faire un joli bouquet avec les fleurs et cela aidera la plante à développer davantage la croissance de la racine.

En raison de leur caractère envahissant, M. Auton suggère de les surveiller de près s’ils se trouvent dans un jardin qui a d’autres plantes. Ils pousseront bien dans des contenants profonds. Il faut seulement veiller à voir au moins deux plants.
 

Nouvelle-Écosse

Également appelé airelle rouge, le mitchella rampant pousse à l’état sauvage le long du littoral est de la Nouvelle-Écosse et sur l’île du Cap-Breton. Il produit une baie plus petite que la canneberge, mais d’un goût similaire. Selon Glen Auton, qui vit à l’extérieur d’Halifax, cette plante « prodigieusement résistante » peut supporter des températures aussi basses que -40 °C.

M. Auton en fait pousser au pied d’un pommier, mais on également les cultiver en pot. Pour obtenir des fruits, il faut en faire pousser deux.

Il avait acheté des petits plants et s’était contenté de les planter dans le sol.

« Ils atteignent deux pieds de haut, tout au plus », explique M. Auton, qui diffuse son savoir-faire en matière de jardinage sur maritimegardening.com. « Mais ce sont plutôt des arbustes de basse taille. »

Prince Edward Island

Daylillies.

Les hémérocalles, du genre Hemerocallis, sont connues pour leurs belles fleurs et sont populaires parmi les horticulteurs et les jardiniers depuis des siècles.

Marjorie Willison, gourou du jardinage maritime, recommande deux fleurs qui poussent dans les cours idylliques qui couvrent l’île. Tout d’abord, elle recommande les violettes comme couvre-sol à faible entretien.

« La violette parvient à étouffer les mauvaises herbes, se contrôle assez facilement et se déterre et se plante aisément ailleurs »,

explique Marjorie Willison, une auteure de livres sur le jardinage qui collabore régulièrement à l’émission radiophonique Maritime Noon de la CBC pour répondre aux questions des jardiniers. Qu’elle soit en floraison avec ses fleurs violettes ou blanches, ou en repos en arborant ses feuilles attrayantes, elle suscite l’intérêt du début du printemps à la fin de l’automne.

Elle recommande aussi l’hémérocalle.

« Je considère les hémérocalles comme les bêtes de somme du jardin », dit-elle. Elles poussent à différents endroits, certaines sont grandes, d’autres petites, [de] différentes couleurs et sont utiles pour retenir la terre. Il est vrai que chaque fleur ne dure qu’une journée environ, mais de nouveaux bourgeons remplacent ceux qui sont fanés. On peut aussi manger les bourgeons ou saupoudrer les pétales sur une salade.
 

Terre-Neuve

Pour Terre-Neuve, Mme Willison recommande l’iris de Sibérie, l’iris versicolore ou l’iris des marais.

« Tous semblent apprécier des conditions humides et survivre à des conditions de croissance difficiles », dit-elle. « Bien sûr, avec un peu de chouchoutage dans un jardin familial, ils peuvent atteindre une hauteur deux fois plus élevée qu’à l’état sauvage. Leurs fleurs durent longtemps et leurs couleurs sont riches et éclatantes. »

Le jardin de Jennifer Campbell se limite à des annuelles et des herbes sur son balcon du centre-ville. Mais, si elle parvient à se rendre aux chalets familiaux situés au Nouveau-Brunswick et à l’Île-du-Prince-Édouard cette année, elle essaiera certaines de ces suggestions.

 

Cet article a été publié dans le numéro de l'hiver 2020 de notre magazine interne, Sage. Maintenant que vous êtes ici, pourquoi ne pas télécharger le numéro complet et jeter un coup d’œil à nos anciens numéros aussi?