Dossier Phénix : Une angoisse persistante en héritage

02 octobre 2023
Infopensions
Retraités fédéraux a sondé ses membres sur leurs expériences par rapport au système de paye Phénix. En tout, 1 300 ont répondu et près de la moitié ont été surpayés ou sous-payés.
 

Le 24 février 2016, la première phase du système de paye Phénix a été déployée dans 34 ministères fédéraux, pour 120 000 employés. Lors de la deuxième phase, le 21 avril, on a ajouté 67 ministères et 170 000 employés. Peu après, un tiers des employés constataient une erreur dans leur chèque de paie. En décembre 2017, l‘arriéré du Centre de paye comptait plus de 600 000 transactions en attente de traitement. Cette situation a affecté les employés et les retraités, qui ont dû attendre des années pour obtenir des indemnités de départ et d‘autres ajustements.

Sept ans plus tard, les problèmes persistent et accablent des milliers de nos membres.

En décembre 2022, Retraités fédéraux a envoyé un sondage aux membres qui ont adhéré depuis la mise en œuvre de Phénix, afin de connaître leurs expériences et obtenir leurs témoignages, pour comprendre comment ils avaient été affectés par Phénix et comment ils continuent de l‘être. Plus de 1 300 ont répondu et près de 70 % d‘entre eux ont déclaré avoir subi un problème lié à Phénix.

Ces problèmes étaient très variés, mais les plus fréquents portaient sur la paye ordinaire (pour 46 %, il s‘agissait d‘erreurs de paye; la moitié ont été sous-payés et le reste surpayés) et 

le non-versement de l‘indemnité de départ (pour 38 %). Le reste concerne les déductions (25 %), le calcul de la pension (21 %), la paye d‘intérim (21 %) et l‘assurance collective (4 %). Un peu plus d‘un quart des répondants (27 %) ont indiqué avoir été contactés pour résoudre un trop-perçu après leur départ à la retraite. Et 28 % ont déclaré d‘« autres problèmes », notamment des heures supplémentaires non payées, des primes de poste ou des congés sans solde. Enfin, les 150 témoignages personnels sont trop nombreux pour être énumérés ici. 

Les membres se sentent trahis. Qu‘il s‘agisse de problèmes survenus alors qu‘ils étaient encore employés ou qui perdurent depuis cinq ans, voire plus, ils ressentent une grave rupture de confiance avec leur ancien employeur. Ils se méfient de ses calculs, des lettres de sa part et de sa capacité de les payer correctement. Bref, la foi et la confiance en leur employeur sont anéanties.

Lorsque le système de paye Phénix a été planifié, on espérait qu‘il réduirait un fardeau. Il devait simplifier une approche de paye complexe et permettre au gouvernement de réduire les coûts. Les problèmes initiaux découlent de décisions négligentes sur la planification et la mise en œuvre. Cependant, le fait que nous soyons toujours au cœur de ces problèmes, sept ans plus tard, est abominable.

Les problèmes sont d‘envergure et les témoignages déchirants. Pour un grand nombre de nouveaux retraités, cela signifie retarder ou annuler leurs vacances, abandonner leurs plans de rénovations ou sacrifier l‘aide qu‘ils souhaitaient donner à leurs enfants pour l‘achat d‘une maison. Au lieu de réaliser des rêves de retraite, ils subissent du stress et vivent de l‘anxiété.

Certains membres ont même dû quitter la fonction publique pour composer avec des réalités déjà lourdes (congé de proche aidant, congé pour maladie grave, retraite pour raison médicale, par exemple) et Phénix a aggravé leurs tracas, en ajoutant un stress financier lors d‘une des périodes les plus pénibles de leur vie.

Le fait que ces problèmes durent depuis sept ans est inacceptable. Aucun autre employeur canadien

n‘aurait le droit de faire preuve d‘une telle désinvolture à l‘égard de la rémunération de ses employés en poste ou à la retraite.

Il faudra beaucoup de temps pour remédier aux dommages causés, mais le gouvernement pourrait commencer  à réparer cette relation en résolvant  ces problèmes avec compassion et rapidité.

 

Cet article a été publié dans le numéro du l'été 2023 du magazine Sage, dans notre rubrique « Infopensions », qui répond aux questions les plus courantes de nos membres au sujet de leur pension. Maintenant que vous êtes ici, pourquoi ne pas télécharger le numéro complet et jeter un coup d’œil à nos anciens numéros aussi?