La recherche sur les AVC

15 octobre 2025
Un médecin examine les résultats d'une IRM.
Les méthodes pour traiter les accidents vasculaires cérébraux changent radicalement tous les cinq à dix ans, mais le plus important demeure de les détecter rapidement.
 

Le temps est un facteur déterminant dans le traitement des accidents vasculaires cérébraux (AVC), que ce soit à court ou à long terme.

« Lorsqu’une personne fait un AVC, plus on le détecte tôt et plus vite on appelle le 911, plus les chances d’un bon pronostic augmentent », explique Robert Fahed, neurologue à l’Hôpital d’Ottawa. 

À plus long terme, le traitement des victimes d’AVC a beaucoup changé et a connu d’importants progrès, lesquels se poursuivent à bon rythme. 

« Tout le domaine change complètement tous les cinq à dix ans », indique le Dr Fahed. « Je fais ce métier depuis 12 ans et, aujourd’hui, mon travail n’a plus rien à voir avec ce qu’il était il y a douze ans. C’est un tout autre métier. Chaque grande découverte améliore de manière significative et spectaculaire le pronostic des patients. C’est l’un des domaines de la médecine qui évolue le plus rapidement. Nous trouvons sans cesse de nouvelles façons de traiter tous les types d’AVC. »

C’est ce qu’a vécu Cathy Allard, membre de Retraités fédéraux d’Orléans, en Ontario. 

Après deux AVC, elle a réussi à reconstruire une vie qui, bien que souvent difficile et éprouvante, s’est révélée plus active qu’elle l’aurait imaginé. 

Mme Allard a récemment publié le livre Becoming Comfortably Numb: 

A Memoir on Brain-mending [Dans un état de doux engourdissement : récit de la guérison d’un cerveau] pour raconter son histoire et inspirer d’autres victimes d’AVC et leurs proches aidants à persévérer et à faire preuve de détermination pour se rétablir dans les meilleures conditions possibles. 

« N’oubliez jamais que les innovations en matière de traitement peuvent rendre possible ce qui semblait impossible », a-t-elle écrit dans son livre. « Il ne faut jamais sous-estimer la neuroplasticité, c’est-à-dire la capacité du cerveau à se “reconfigurer”, à s’adapter, à guérir et à créer de nouvelles connexions. Il en va de même du pouvoir de votre propre esprit : il peut apprendre à maîtriser vos pensées et habitudes, et à apprendreà faire les choses “différemment”. »

Mme Allard était âgée de 27 ans lorsqu’elle a subi son premier AVC en 1984. Elle jouait à ce qui était alors un nouveau jeu appelé Quelques Arpents de Pièges avec son mari et des amis, tandis que sa fille, toute jeune, dormait à proximité.

Voici comment elle décrit son AVC : 

« En l’espace de quelques secondes, une vague glaciale et douloureuse m’a soudainement envahie, parcourant chaque fibre du côté droit de mon corps, du sommet de mon crâne jusqu’à la moitié de mon nez, ma mâchoire et mon cou, puis descendant le long de mon bras et de mon torse, et encore plus bas, jusqu’au bout de mes doigts et de mes orteils. Tout le côté droit de mon corps a disparu. Je vois mon bras, mais il n’est plus relié à moi ».

Cathy Allard.

Cathy Allard, membre de Retraités fédéraux à Orléans, en Ontario, a subi deux AVC, mais a réussi à rebâtir une vie qui, bien que souvent ardue et éprouvante, s’est révélée plus active qu’elle ne l’avait imaginé. Photo : Mike Carroccetto
 

Les personnes qui étaient avec elle ont réagi rapidement et l’ont conduite à l’hôpital, où elle a entamé quarante ans de soins et de réadaptation liés à son AVC. (Le Dr Fahed déconseille fortement de conduire soi-même ou de conduire une autre personne à l’hôpital si l’on soupçonne un AVC. « Même si vous vous sentez capable de conduire, un AVC survient parfois de telle manière que les patients ne se rendent pas compte de la gravité de leur état », mentionne-t-il. De plus, « votre AVC pourrait s’aggraver pendant que vous conduisez, et vous pourriez vous retrouver paralysé sur l’autoroute ». Si une autre personne conduit, elle « panique probablement » et l’état de la victime pourrait s’aggraver et nécessiter des soins médicaux immédiats que seuls des ambulanciers peuvent prodiguer. Il faut donc appeler le 911.)

En 1990, Mme Allard a eu son deuxième AVC et a repris son combat avec une détermination sans faille.

« Le rétablissement ne prend jamais fin, du moment qu’on persévère. 

Si je garde mon esprit ouvert à de nouveaux stimuli et si je continue de lui offrir des choses variées à traiter, c’est remarquable de voir à quel point il peut s’adapter et trouver d’autres façons de faire », a-t-elle écrit.

Le traitement des AVC s’est également adapté, selon le Dr Fahed.

« Nous améliorons continuellement les soins prodigués aux victimes d’AVC à chaque étape : traitement d’urgence, prévention, compréhension, pronostic, disparités entre les hommes et les femmes, car les hommes et les femmes ne sont pas atteints de la même manière. »

Le traitement d’un AVC — ou d’un présumé AVC — commence par une intervention rapide. Le Dr Fahed fait référence aux signes VITE et insiste sur le fait que, si vous ou l’un de vos proches présentez l’un de ces symptômes, « n’attendez pas une minute, même si les symptômes disparaissent. Appelez immédiatement le 911. Lorsqu’une personne fait un AVC, elle perd des millions de cellules cérébrales chaque minute. Plus le temps s’écoule, plus les chances de bien vous rétablir après un AVC diminuent. Il est crucial d’agir très rapidement. »

L’AVC demeure l’une des principales causes de mortalité au Canada et d’invalidité chez les survivants, même si les traitements continuent de s’améliorer, que ce soit les soins immédiats ou les soins de longue durée.

Parmi les traitements d’urgence, on compte désormais la thrombolyse intraveineuse, « un médicament anticoagulant administré par perfusion intraveineuse, lequel se répand dans le sang, localise le caillot dans le cerveau et le dissout ».

Un traitement plus récent est la thrombectomie, et le Canada est d’ailleurs un chef de file dans ce domaine de recherche. 

« Il s’agit d’une petite intervention chirurgicale qui consiste à introduire de petits dispositifs, de petits fils, dans la jambe à l’aide d’une aiguille, à l’intérieur des vaisseaux sanguins, depuis la jambe jusqu’au cerveau, pour ensuite extraire manuellement le caillot à l’aide de divers dispositifs. »

On comprend également de mieux en mieux les différentes causes des AVC, en « déterminant le mécanisme propre à chaque patient. Nous disposons aussi d’un grand nombre de nouvelles catégories de médicaments et de médicaments que nous pouvons administrer à chaque patient de manière personnalisée, en fonction des résultats de leur bilan, afin de cibler le mécanisme qui a provoqué l’AVC chez chacun d’entre eux. »

Mme Allard a été témoin de bon nombre de ces changements et est déterminée à aider les personnes qui survivent à un AVC.

Sa propre vie a radicalement changé, et de manière peut-être surprenante. Elle a dû renoncer à jouer du piano, par exemple, mais a pu, avec l’aide de sa famille, se mettre à faire du kayak et de la raquette. En 2018, elle s’est rendue en Grèce avec son mari et a escaladé l’Acropole. 

« Le but n’est pas d’atteindre la perfection », précise-t-elle lors d’une entrevue. « Ce qui compte, c’est de s’adapter à la vie qui nous a été donnée et d’en tirer le meilleur parti. »

Son livre, dit-elle, est « destiné aux proches aidants et aux personnes qui se trouvent dans une situation difficile et qui veulent trouver les moyens de s’en sortir. Le fardeau des soins prodigués aux personnes handicapées est extrêmement lourd, car neuf fois sur dix, ce sont les proches qui doivent assumer cette responsabilité. Lorsqu’une personne fait un AVC, c’est toute la famille qui en souffre, car tout repose alors sur elle. J’ai aussi beaucoup de chance d’avoir pu réintégrer la fonction publique fédérale, parce que j’ai un bon régime de soins de santé. »
 

Reconnaître l’AVC

Les signes VITE pour détecter un AVC rappellent combien il est urgent de réagir rapidement si vous ou une autre personne êtes peut-être en train de faire un AVC. 

  • Visage : est-il affaissé?
  • Incapacité : à lever les deux bras normalement?
  • Trouble de la parole : trouble de la prononciation?
  • Extrême urgence : composez le 9-1-1

Facteurs de risque : Alimentation malsaine, poids, stress, sédentarité, tabagisme, alcoolisme et toxicomanie. Également, hypertension artérielle, hypercholestérolémie, diabète, fibrillation auriculaire. 

Avec la permission de la Fondation des maladies du cœur et de l’AVC du Canada, coeuretavc.ca
 

Soutenir la recherche sur les AVC

Le Dr Fahed encourage les dons publics aux hôpitaux, aux unités pour les AVC ou à la Fondation des maladies du cœur et de l’AVC du Canada.

« Tous ces travaux de recherche qui contribuent à améliorer les soins prodigués à tous les patients ne peuvent être réalisés que grâce aux dons de gens de partout au pays. Si vous envisagez de faire un don, nous vous en remercions d’avance, car sans la recherche d’aujourd’hui, nous ne pouvons améliorer les soins de demain. »

La Fondation des maladies du cœur et de l’AVC examine les demandes de subventions de recherche « et attribue des fonds aux projets de recherche les plus prometteurs. Je vous assure, cet argent est investi à bon escient dans la recherche. »

 

Cet article a été publié dans le numéro du l'automne 2025 de notre magazine interne, Sage. Maintenant que vous êtes ici, pourquoi ne pas télécharger le numéro complet et jeter un coup d’œil à nos anciens numéros aussi?