Un héritage durable

22 décembre 2021
Jean-Guy Soulière.
Après avoir été au service de l’Association pendant près de 30 ans, le président Jean-Guy Soulière prend sa retraite en juin.
 

Jean-Guy Soulière a pris sa retraite en 1994. Plus ou moins.

Le président de l’Association nationale des retraités fédéraux (Retraités fédéraux) a quitté la fonction publique après une carrière de 30 ans lorsque son ministère a été fusionné et qu’il a décidé que c’était un « environnement malsain ». Choisissant d’accepter la généreuse indemnité de départ qui lui était offerte, il a presque immédiatement commencé un autre emploi après avoir pris sa retraite, en tant que directeur général (DG) de l’Association nationale de retraités fédéraux.

Il n’a pris sa « nouvelle retraite » qu’en 2007, après 13 ans à la tête de l’organisation. Et qu’a-t-il fait alors? Après deux ans de congé, il est devenu vice-président du conseil d’administration de Retraités fédéraux. En 2015, il est devenu président du conseil d’administration, remportant l’élection la première fois et élu par acclamation la seconde. C’est un poste qu’il quittera en juin, emportant avec lui des volumes virtuels de l’histoire de l’organisation.

« J’ai été associé d’une manière ou d’une autre à l’organisation pendant près de 30 ans », dit M. Soulière. « Il n’y a pas un seul dossier que je n’ai pas commencé ou dont je n’ai pas connaissance. »

Lorsqu’il est devenu directeur général, l’Association ne comptait qu’environ 60 000 membres (un nombre qui a presque triplé depuis) et une dizaine d’employés au bureau national. Il se souvient avoir vu l’offre d’emploi et pensé qu’elle semblait intéressante, mais elle ne précisait pas le salaire.

« Je me suis dit que j’allais être à la retraite et recevoir une pension. Je pouvais donc accepter un salaire plus bas, mais quand on m’a proposé le salaire, c’était comme repartir à zéro », se souvient-il en s’esclaffant. « J’ai refusé le poste en disant que je ne pouvais pas travailler pour ce montant. On m’a répondu qu’on ne pouvait m’offrir plus. L’Association était pauvre et louait des locaux dans les bureaux de l’Alliance de la fonction publique du Canada. Après mûre réflexion, on m’a dit : “Si vous ajoutez le salaire à votre pension, vous arrivez à peu près au même montant que celui que vous gagniez dans la fonction publique”. C’est ainsi qu’on m’a convaincu. Et c’est une histoire vraie. »

Mais ce qui l’avait véritablement motivé à accepter le poste était qu’il « me convenait parfaitement. Ma principale force, lorsque j’ai passé tous les tests [de compétences], était celle d’un gestionnaire, et la deuxième celle d’un missionnaire », explique M. Soulière. « Comme défendre les intérêts se rapproche du rôle de missionnaire, cela correspondait à ce que je pouvais apporter à une organisation. »

Lorsqu’on lui demande de parler de sa relation de travail avec le DG une fois devenu président, après avoir lui-même exercé ces fonctions pendant 13 ans, il répond que cela n’a pas été difficile.

« J’ai eu l’expérience de travailler avec deux présidents qui voulaient être le plus haut gestionnaire, en plus d’être président. J’ai dû leur dire de ne pas toucher aux opérations, que c’était mon travail. Lorsque je suis devenu président, je ne me suis impliqué dans les opérations que si le DG le souhaitait. Et même dans ce cas, ce n’était qu’en tant que conseiller. Le DG est payé pour les opérations », précise-t-il.

Pour ce qui est des moments dont il est le plus fier durant son mandat, le premier est d’avoir été élu président. « Et lorsque j’ai été élu par acclamation pour un second mandat, avec une longue, longue ovation, j’ai eu les larmes aux yeux. J’ai pleuré sur le podium, comme un bébé. C’était tellement touchant pour moi. Je ne sais pas si j’en suis fier, mais c’était tout un moment. »

Le deuxième est d’avoir sélectionné les DG pendant ses mandats présidentiels. « Nous avons bien fait les choses — nous sélectionnons de bons DG. »

Et y a-t-il un troisième moment de fierté? Eh bien, il ne s’est pas encore produit, mais ce sera la fin de son mandat, car il a fixé des priorités qu’il a respectées, notamment doter l’Association d’une situation financière solide, créer des relations harmonieuses entre le conseil d’administration, les sections et le personnel du bureau national et, enfin, augmenter le bassin de membres.

« Dans le domaine du bénévolat, en particulier, peu de gens atteignent les objectifs qu’ils se sont fixés. »

En repensant à ces 30 années, il se souvient d’un incident amusant survenu alors qu’il était sur le point de quitter son poste de DG de l’Association. Le gouvernement l’avait approché pour être le premier président du Conseil national des aînés, qui venait d’être créé.

« On m’a approché alors que je partais en vacances à Cancún », raconte-t-il. « Je ne savais pas que c’était pour la présidence, mais j’ai dit que cela m’intéressait. Puis, j’ai reçu un appel, alors que j’étais sur une plage, à Cancún. On m’a dit : “Nous aimerions vous avoir comme président, mais d’abord, nous devons faire une vérification de sécurité.” J’ai donc fait ma vérification de sécurité sur une plage de Cancún, bière à la main. »

Il en tire fierté, parce qu’on reconnaissait son travail au nom des aînés. Et il s’est acquitté de deux mandats de président.

« Cela ne prenait que deux ou trois jours par mois, mais j’ai parcouru le pays et ce fut une expérience remarquable », dit M. Soulière.

Le secret de sa réussite? Ne pas avoir essayé de tout faire pour tout le monde.

« Notre association est tellement variée en termes de membres que tout le monde veut s’impliquer dans tout », ajoute-t-il. « Nous militons dans des enjeux politiques qui concernent spécifiquement les aînés, mais sans jamais perdre de vue notre mission principale, qui est de protéger nos pensions et nos prestations. Mais il y a énormément de pression pour [d’autres enjeux]. Par exemple, les questions environnementales sont très en vue. Nous ne pouvons pas nous impliquer à ce sujet, car elles seraient trop considérables pour nous. »

Au cours de son mandat de président, M. Soulière affirme avoir réussi à maintenir la défense des intérêts de l’Association centrée sur sa mission première.

« Et cela, à mon avis, sera la clé du succès de l’organisation à l’avenir », conclut-il.

En plus de toutes ces années de bénévolat, M. Soulière a été le représentant des retraités au Comité consultatif sur la pension de la fonction publique pendant six ans et a été nommé pour représenter tous les retraités au Comité des partenaires du Régime de soins de santé de la fonction publique, dont le Conseil du Trésor et les agents négociateurs font partie. Récipiendaire d’un prix à vie de l’Association, il a reçu la Médaille du jubilé de la reine Élisabeth II.
 

L’excellence en défense des intérêts

Sage a parlé à plusieurs collègues et associés au sujet de leur collaboration avec Jean-Guy Soulière au cours de ses nombreuses années en tant que défenseur des aînés. Voici ce qu’ils ont dit :

Anthony Pizzino, DG de Retraités fédéraux : « Mon histoire avec Jean-Guy est très courte, mais je l’ai apprécié dès la première fois que je l’ai rencontré, et j'ai su que je pouvais travailler avec lui, car il semblait extrêmement professionnel. » C’était lors de l’entrevue de M. Pizzino en vue de son poste actuel. « Il était très engageant. Il a répondu à mes questions très directement, sans aucune hésitation. » M. Pizzino dit avoir rapidement appris que M. Soulière aime fonctionner par consensus et s’assurer que les gens ont leur mot à dire et soutiennent la décision finale du conseil. « Quand quelqu’un cherche des moyens pour que les gens travaillent ensemble, cela en dit long sur lui. C’est en partie pour lui que j’ai accepté [ce poste], sachant que je devrais rendre compte au conseil d’administration par son entremise. »

Deb Schulte, ministre des Aînés sortante : « J’ai été profondément reconnaissante du leadership dévoué, constructif et efficace de Jean-Guy, qui s’appuie sur ses décennies de service public et de travail au sein du Conseil national des aînés et du Comité consultatif sur la pension de la fonction publique. Mon équipe et moi-même n’oublierons pas sa défense vigoureuse des aspects interreliés qui assurent une retraite saine et heureuse aux Canadiens, ni la décence et l’élégance avec lesquelles il plaidait la cause. Je lui souhaite bonne chance pour sa retraite et je suis certaine que, peu importe à quoi il consacrera le prochain chapitre de sa vie, les questions relatives aux aînés ne seront jamais loin de son coeur. »

Chris Aylward, président, Alliance de la Fonction publique du Canada : « Jean-Guy a toujours amené les enjeux à la table, il a toujours défendu les employés retraités, et il l’a fait avec une grâce et un professionnalisme formidables. S’il lui arrive d’être frustré, il ne le montre pas. Il ne se permet jamais de montrer ses émotions. C’est un point que j’ai remarqué à son sujet. C’est pourquoi son message est transmis très efficacement. »

Francis Bowkett, ancien membre du conseil d’administration et ancien directeur général de l’Association : « Nous avons collaboré pendant plusieurs années. À mon avis, l’une de ses principales réalisations est la liaison efficace ou les relations qu’il a forgées et entretenues au fil des ans. Il a maintenu l’Association en contact avec le Conseil du Trésor, le RSSFP et le RSDP. Le directeur général étant un membre ad hoc du conseil d’administration. Il lui fallait faire attention à la façon dont il parlait de certains enjeux et être aussi neutre que possible. Il a fait un excellent travail à cet égard. J’ai connu les deux côtés de la médaille, en tant que membre du conseil d’administration et directeur général. Il a été plus facile pour moi [de faire ce travail] parce qu’il a adopté cette position. »

Dennis Jackson, ancien président du conseil d’administration national : « [Jean-Guy a été] un président national véritablement excellent qui s’est acquitté de sa tâche avec une compétence exceptionnelle. Au cours des deux dernières années, pendant la COVID, il a dirigé l’Association de main de maître. Sa capacité à gérer l’Association et à coordonner les assemblées générales annuelles et d’autres événements à l’aide de Zoom a été exceptionnelle, surtout lorsque le bureau national était, essentiellement, fermé. Il sera difficile de remplacer Jean-Guy, mais je sais qu’il sera toujours là pour nous aider au besoin. »

Jean-Claude Bouchard, ancien président du conseil d’administration du RSSFP : « Je connais Jean-Guy depuis les années 80. Il est sociable, il a de l’empathie, et il est extrêmement dévoué à ce qu’il fait. »

 

Cet article a été publié dans le numéro de l'hiver 2021 de notre magazine interne, Sage. Maintenant que vous êtes ici, pourquoi ne pas télécharger le numéro complet et jeter un coup d’œil à nos anciens numéros aussi?