Le DG de l’Association exige un meilleur service et une meilleure reddition de comptes pour les vétéran·e·s

22 novembre 2022
Anthony Pizzino, DG de l’Association nationale des retraités fédéraux.
L’Association nationale des retraités fédéraux appuie la demande de l’ombudsman des vétéran·e·s au ministère Anciens Combattants Canada, sous l’égide du ministre Lawrence MacAulay, qui recommande de trier les demandes de prestations d'invalidité en fonction des besoins de soins de santé et d’aide financière qui n’ont pas été comblés.
 

La Semaine des vétérans est l'occasion de rendre hommage aux femmes et aux hommes qui ont servi dans les Forces armées canadiennes, et de respecter leurs contributions et leurs sacrifices. Depuis des décennies, les réponses du Canada aux initiatives internationales et aux urgences nationales ont été rendues possibles grâce aux personnes qui ont répondu à l’appel sans hésitation, pour servir.

Ce service comporte un coût élevé pour de nombreux vétéran·e·s, ainsi que pour leurs familles et leurs proches — non seulement à cause des conséquences physiques et émotionnelles du service, mais aussi, trop souvent, à cause des institutions mêmes qui sont censées soutenir les vétéran·e·s.

La Semaine des vétérans est l'occasion d’une sombre réflexion sur le service militaire et la situation des vétéran·e·s. Au cours de la Semaine des vétérans de l'an dernier, en tant que directeur général (DG) de l'Association nationale des retraités fédéraux, j'ai écrit dans The Hill Times que le Canada doit faire du bien-être des hommes et des femmes qui nous ont servi dans l'armée une priorité fédérale.

Cet article était basé sur le bulletin annuel du Bureau de l'ombudsman des vétérans, dont le but est de suivre les progrès d'Anciens Combattants Canada (ACC) dans la mise en œuvre des recommandations formulées par celle-ci lors de ses examens systémiques. Le bulletin de l'année dernière était un catalogue de temps d'attente et d'arriérés excessifs, et de résultats inéquitables en matière de normes de service pour les vétéran·e·s, selon leur sexe et de leur langue.

À la fin du mois dernier, les députés du Comité permanent des anciens combattants de la Chambre des communes ont appris que le personnel du ministère Anciens Combattants Canada avait offert l’aide médicale à mourir à un vétéran à deux reprises, malgré le fait que celui-ci l’ait refusée à maintes reprises.

Il est inadmissible qu’une telle conversation puisse être considérée comme étant utile aux vétéran·e·s qui demandent de l’aide et aux autres personnes qui ont besoin de soutien.

Le rapport de l’année 2022 de l’ombudsman des vétérans sur le ministère Anciens Combattants Canada a résumé l’état de la situation des réformes au sein de ce ministère. Le rapport fait état de bons points : les délais nécessaires pour que les hommes vétérans et les femmes vétéranes reçoivent leurs prestations est finalement à peu près égal. Toutefois, le bureau de l’ombudsman avait déjà soulevé le problème de cette iniquité en 2018.

Malheureusement, pour ce qui est du langage, la situation n’est pas pareille. L’ombudsman a déterminé que, en moyenne, les francophones qui présentent des demandes attendent bien plus longtemps que le délai normal de 16 semaines pour obtenir une décision sur les prestations d'invalidité, soit jusqu’à 42,8 semaines en moyenne, comparativement à 29,5 semaines pour les anglophones. Cette différence énorme du traitement des demandes entre les deux langues officielles du Canada est scandaleuse.

L'ombudsman a fait remarquer que, bien qu'ACC ait pris des mesures pour réduire les arriérés et rationaliser les demandes de prestations d'invalidité, les délais d'attente continuent d'être la plainte la plus fréquente, les répercussions étant les plus importantes pour certains des vétéran·e·s les plus vulnérables, notamment ceux qui ont de la difficulté à accéder au système de soins de santé.

Alors que les temps d’attente dépassent toujours, en moyenne, la norme de 16 semaines pour le traitement à laquelle le ministère s’est engagé sur papier, Retraités fédéraux appuie la demande de l’ombudsman au ministère Anciens Combattants Canada recommandant de trier les demandes de prestations d'invalidité en fonction des besoins de soins de santé et d’aide financière qui n’ont pas été comblés.

En ce qui concerne la santé mentale des vétéran·e·s et des proches aidants, le bulletin indique qu'ACC a fait des progrès en faisant preuve de souplesse pour répondre aux besoins des membres de la famille.

Toutefois, des modifications législatives s’imposent toujours pour que les membres des familles des vétéran·e·s obtiennent des fonds du gouvernement fédéral pour la santé mentale, quand leurs préoccupations de santé mentale découlent du service militaire de leur conjoint·e ou de leurs parents. Cette loi doit passer au Feuilleton de la Chambre des communes dès que possible.

Depuis l'introduction des bulletins annuels en 2017, le Bureau de l'ombudsman fait état des progrès réalisés par ACC au sujet du taux de mise en œuvre de ses recommandations. En 2019, le taux de mise en œuvre a varié de 65 % à 79 %. Dans le bulletin de cette année, le taux de mise en œuvre s’élève à 69 %. Il s’agit du troisième taux le plus bas dont ce bulletin a fait état.

Anciens Combattants Canada devrait viser plus haut, de la ligne de front à la direction.

Il est grand temps que les Canadien·ne·s exigent un meilleur service et de meilleurs résultats pour les vétéran·e·s. Le moment est venu de s’engager à passer à l’action et à apporter des changements, de manière soutenue et continue, plutôt que d’offrir des platitudes et des propos manquant de sincérité sur l’honneur, le respect et la commémoration.

Et il est plus que temps qu’on offre une prestation de services responsable aux vétéran·e·s et à leurs familles.
 

Cet article a été initialement publié dans l'édition du 7 novembre 2022 du Hill Times, un journal d'Ottawa qui présente des reportages de la part d’experts non partisans sur les politiques et la politique.